Les causes de la détérioration de la mémoire

Ces quatre catégories de mémoire (immédiate, à court terme, à long terme et périphérique) déclinent à des vitesses différentes, au fur et à mesure de l’avancée en âge. Ainsi, le degré avec lequel la perte liée à l’âge a besoin d’être « soignée » est également différent.

La première et la dernière catégorie de mémoire, c’est-à-dire immédiate et périphérique, diminuent relativement peu. Dans le cas de la mémoire immédiate, le phénomène a peu à voir avec la mémoire elle-même ; il s’agit seulement de la capacité de reproduire, sur un temps très bref, une information simple qui est perçue comme ayant peu ou pas de valeur dans le temps. Même si notre capacité à nous souvenir d’une information de ce type décline d’une manière importante, disons de 50%, cela voudrait seulement dire que, pour nous rappeler de ce dont nous avons besoins dans l’immédiat, nous devrions nous concentrer 50% de plus (un fort pourcentage d’augmentation, mais néanmoins une augmentation insignifiante dans l’absolu). Peut-être aurons-nous besoin de jeter trois coups d’œil sur le numéro de téléphone pendant que nous le composons, au lieu d’un ou deux. Mais, sur un plan pratique, cela fera peu de différence.

A l’autre extrémité de l’échelle, la mémoire périphérique (également connue sous le nom de mémoire de l’apprentissage) est si profondément enracinée que nous n’oublions pas ce qu’elle renferme. Nos mémoires périphériques constituent le fondement sur lequel tous nos souvenirs à court et long terme reposent. Il y a peu de chances qu’elles se dégradent, à moins que notre cerveau soit si rongé par la maladie ou une lésion que nous ne puissions plus nous souvenir de rien. Quand bien-même, plusieurs de ces souvenirs de base persistent. Par exemple, un golfeur insatiable, ayant joué toute sa vie et qui vivait les affres terminaux de la maladie d’Alzheimer, a été invité sur un parcours de golf. Il n’avait aucune idée de la date, du lieu où il se trouvait, de qui l’accompagnait ou à quel jeu on jouait. Il n’avait assurément aucune idée de la raison de sa présence. Pourtant, après qu’on lui ait montré un sac de golf, il a choisi un club adapté et son swing, bien que raide et un peu gauche, évoquait encore son style passé, très élégant.

Ainsi, la principale détérioration dans la mémoire se produit au niveau du court terme et du long terme. De ces deux niveaux, le déclin dans la mémoire à court terme est le plus évident pour deux raisons. La première vient du fait que de grandes parties de la mémoire à long terme sont si bien fixées qu’elles approchent presque la qualité de la mémoire périphérique ; elles résistent fortement à l’oubli. Ainsi, seule une parie de la mémoire à long terme, savoir la partie annexe au court terme, est facilement sujette au déclin lié à l’âge.

La deuxième raison pour laquelle le déclin de la mémoire à court terme est plus évident que celui de la mémoire à long terme, c’est qu’il se manifeste par des symptômes plus observables d’une imperfection de la mémoire. Avec une mémoire à court terme défaillante, l’aptitude à se souvenir des noms, des visages, des rendez-vous, à faire un discours ou à réciter une poésie de mémoire ou à se rappeler où nous avons mis nos clefs, tout cela se détériore (et ce déclin est très apparent, à la fois aux personnes qui oublient et à leurs famille et amis).

Heureusement, comme nous le montrerons dans un  chapitre ultérieur, la mémoire à court terme est également la zone la plus susceptible d’amélioration par des exercices de mémoire. Ainsi, par exemple, les acteurs, qui sont habitués à apprendre des phrases par cœur (au début, il s’agit d’une action de la mémoire à court terme, bien qu’elle puisse se transformer en mémoire à long terme si la pièce a du succès ou si l’acteur s’y implique suffisamment), peuvent continuer à réaliser des prodigieux exploits de mémorisation même à un âge avancé. 

Par le contenu

Si la mémoire peut être cataloguée par sa durée, elle peut également être vue sous une perspective complètement différente, à savoir par son type de contenu. Naturellement ce classement pourrait fragmenter la nature du souvenir en mille sous-catégories. Il n’y a aucune limite aux catégories de choses dont vous vous souvenez. Cependant, pour notre objectif, il sera suffisant d ‘en différencier simplement trois : les faits (appelés mémoire épisodique par beaucoup d’experts), la connaissance (souvent appelée mémoire sémantique) et la mémoire de l’apprentissage. Examinons la signification de la mémoire à partir se ces points de vue.

  • Evénements et faits: La mémoire factuelle est tout à fait simple et directe : c’est la capacité à se rappeler différents éléments d’information. Elle inclut tout, depuis le souvenir que un et un font deux jusqu’à celui du nom du Président des Etats-Unis. Elle comporte également le souvenir des événements spécifiques qui définissent une bonne part de note vécu : les cérémonies de remise de diplômes au lycée, les anniversaires, les mariages, les enterrements et, naturellement, tous les traumatismes et les joies de notre vie. Les faits et les événements spécifiques sont les plus aisément oubliés parmi toutes les catégories de souvenirs (d’autant plus facilement qu’ils sont plus isolés). Ainsi, il est relativement facile d’assimiler et de se rappeler les faits nouveaux qui parviennent à notre conscience dans un contexte relié à l’ensemble de nos connaissances, tandis que les faits indépendants d’autres faits dont nous avons déjà connaissance sont oubliés plus facilement. Par exemple, si une nouvelle étude sur la mémoire devait être publiée demain, nous apprendrions très vite, et nous n’oublierions pas, tous les faits nouveaux.

L’acte de relier les faits que nous voulons apprendre (ou que nous souhaitons mémoriser) à un ensemble préexistant d’informations déjà enregistrées sert de base à l’amélioration de notre mémoire factuelle. Comme nous l’expliquerons plus en détails dans un chapitre ultérieur, la plupart des techniques d’amélioration de la mémoire (ce qui, le plus souvent, signifie l’amélioration de la mémoire des faits) se résume à développer les moyens d’intégrer les faits nouveaux, dont nous voulons nous souvenir, dans le schéma d’une information déjà acquise.

  • La connaissance: La connaissance et le souvenir qui en est la base son différents de la mémoire des événements et des faits. Ce que nous comprenons (qu’il s’agisse de la capacité de parler une ou plusieurs langues, de l’habileté au calcul mental, du don de chanter un air identifiable ou de l’aptitude à écrie un livre sur la mémoire) implique manifestement la connaissance de nombreux faits reliés les uns aux autres. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire. Car la connaissance est bien plus difficile à percevoir que la simple accumulation des faits. En supposant que nous puissions mémoriser la signification de tous les mots du dictionnaire, si nous ne parlons pas vraiment l’anglais, nous aurons bien du mal à nous faire comprendre. Ainsi, la connaissance est en réalité la synthèse d’un vaste ensemble non quantifiable de faits dont la somme se fond dans un amalgame mémoriel qui nous transmet le discernement, la capacité de jugement et même, si tout va bien, la sagesse. Nous donnons souvent le nom d’expérience à ce vaste groupe non quantifiable de souvenirs dont on ne se souvient pas d’une manière individuelle.

Un exemple des avantages d’une plus grande connaissance, ce qui donne l’impression d’une meilleure mémoire, est le fait que les adultes âgés sont bien plus performants que les plus jeunes pour raconter des histoires de famille, tout spécialement celles qui sont reliées à leur propre passé. En cela, les personnes âgées participent à la prévention de ce que le docteur DL Schacter appelle « l’amnésie culturelle ». Les personnes âgées ne représentent pas seulement l’héritage vivant de leurs propres familles, mais au fil du temps, ce sont les anciens qui ont maintenu vivants les coutumes, les aventures du passé et les événements importants de leur communauté pour le bonheur des générations qui se succèdent. « Quand des personnes âgées étaient amenées à raconter des histoires personnelles tirées d’un épisode quelconque de leur passé » écrit le docteur Schacter, « les critiques ayant lu ces récits les ont jugé de meilleure qualité (plus passionnants et émouvants) que ceux écrits par des plus jeunes ».

D’une façon générale, la connaissance résiste mieux à l’oubli que les faits. C’est simplement parce que la connaissance se compose de tant de faits qu’il est peu probable qu’ils soient tous oubliés en même temps. En conséquence, ceux dont on se souvient fournissent le contexte à ceux qui auraient pu, sans les premiers, disparaître de la mémoire. En d’autres termes, la connaissance est moins facilement oubliée que les divers faits parce que les informations qu’elle renferme sont si étroitement tissées les unes avec les autres qu’aucune d’entre elles ne peut facilement « glisser au travers des mailles ».

Le problème avec la connaissance, bien sûr, c’est que, puisqu’on ne l’oublie pas facilement, elle ne s’acquiert pas facilement non plus. Ainsi, à tout âge, assimiler de nouvelles connaissances (suivre une nouvelle formation, maîtriser une nouvelle compétence, faire connaissance avec de nouveaux voisins) demande du temps et des efforts. Bien que des efforts soient nécessaires, la bonne nouvelle c’est que l’acquisition de nouvelles connaissances est non seulement possible mais tout à fait réalisable quelque soit votre âge. Bien plus, alors qu’une personne âgée aura besoin de plus de temps pour intégrer de nouvelles connaissances, par rapport aux plus jeunes, une fois l’effort accompli et la connaissance enregistrée dans la mémoire à long terme, elle ne sera pas facilement oubliée.

Ainsi, nous trouvons encore ici une manière très avantageuse de ne pas souffrir d’un déclin inacceptable de la mémoire en vieillissant. Bien sûr, nous pouvons oublier davantage. Mais, malgré cela, si nous continuons à étudier, nous pouvons nous retrouver dans la vieillesse avec une plus grande somme de connaissances disponibles, que nous n’en avions lorsque nous étions jeunes. Nous pourrions même recevoir l’éloge plutôt envieux : « elle a oublié plus de choses que je n’en ai jamais su ! ».

  • La mémoire de l’apprentissage: C’est la catégorie la plus fondamentale de toutes les mémoires. C’est la mémoire de notre façon de nous déplacer et d’agir, et « d’être nous même ». Etant les premiers en place, les souvenirs de l’apprentissage ne sont pas souvent oubliés, ni même diminués, excepté dans les phases ultimes d’une affection détruisant l’esprit. Jusqu’au jour où nous mourrons nous nous rappellerons, comment marcher, prendre un verre et boire, conduire une voiture, monter sur une bicyclette ou signer de notre nom. Naturellement, une faiblesse physique peut empêcher ces activités, mais, en dehors d’une affection grave du cerveau, si nous ne pouvons pas marcher, il s’agira d’un problème musculaire ou de squelette, pas d’un problème mental.
     
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